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MAGNIN-A

Paris Photo - solo show Nathalie Boutté

10 - 13 novembre 2022

A l’occasion de sa nouvelle participation à Paris Photo, la galerie MAGNIN-A dévoile les dernières créations de Nathalie Boutté. Intitulée EMOTION, cette série constituée de portraits d’anonymes sonde en 9 images les états de l’âme. Des portraits en plan serré, composés de milliers de lames de papier comme autant de nuances qui façonnent les émotions : du doute à l’incertitude, de la peur à l’angoisse, de l’étonnement à la contemplation.
Cette série, née entre la période covid et les événements en Ukraine, est un témoignage sensible de la photographe qui, à travers ses modèles, tente de saisir les variations émotionnelles universelles qui nous traversent et nous bouleversent.
Cette proposition s’inscrit dans le parcours Elles x Paris Photo qui a pour vocation de valoriser la place des femmes dans la photographie.

3 QUESTIONS À NATHALIE BOUTTÉ

Qu’évoque cette nouvelle série ?
J’ai voulu mettre les émotions au cœur de cette nouvelle série. Les deux dernières années que nous avons traversé ont été très difficiles pour beaucoup, moi la première. Le Covid, la guerre en Ukraine, l’urgence climatique mêlés aux difficultés quotidiennes éprouvées par chacun. A travers les 9 pièces que j’ai construites, je souhaitais faire ressortir les sentiments de mes modèles, des sentiments universels tels que la peine, la joie, le doute… L’émotion est un fil conducteur dans mes œuvres. Dans chaque image que je construis je mets des sentiments, ce qui me touche. J’espère que le public y sera sensible.

D’où proviennent les images que vous avez utilisées ?
Pour la première fois, j’ai réalisé mes propres photos alors qu’habituellement je travaille avec celles des autres. Pour certaines pièces, j’ai puisé dans mes archives personnelles pour d’autres j’ai fait poser mes modèles au même endroit, avec la même lumière. Il s’agit de photos d’anonymes pour les autres mais pour moi s’agit de personnes que je côtoie quotidiennement, des proches, des amis, des membres de ma famille. Travailler avec les photos d’anonymes est une démarche récurrente dans ma pratique. Ici, j’ai voulu des plans très serrés au niveau du regard pour tenter d’entrer dans l’âme des gens que je photographiais. J’ai travaillé un format identique pour l’ensemble des portraits et j’ai conservé une gamme de deux couleurs pour obtenir une unité pour la série. Chaque pièce m’a permis d’avancer sur la prochaine, d’aller plus loin à chaque fois.

Comment les avez-vous retravaillées ?
J’ai utilisé du papier japonais, c’est un papier que j’aime beaucoup et pour lequel je suis assez fidèle. Il me permet d’obtenir un peu de volume. C’est une texture que je trouve particulièrement intéressante qui peut faire penser à du tissu. Concernant le texte, il n’a pas de signification particulière contrairement à mes précédentes séries. Il n’y a pas de message caché dans ses lignes. J’ai utilisé du Lorem Ipsum, une police de faux texte, car je ne voulais pas faire le faire entrer en concurrence directe avec les images. Je souhaitais me concentrer sur les images, sur l’émotion. La seule importance que l’on peut lui donner est qu’il amène la couleur. En fonction de la typographie, de sa graisse, de l’interlignage j’obtiens des nuances plus ou moins foncées.

A propos de Nathalie Boutté

Le papier est la matière de prédilection de Nathalie Boutté. Le papier japonais essentiellement mais également celui de livres anciens, des cartes routières ou encore les billets de banques qu’elle lacère en fine lamelle pour ensuite les réassembler. Sur ces feuilles elle imprime un texte lié à l’histoire des sujets photographiés ou du photographe dont elle s’est inspirée. Elle joue avec l’épaisseur des lettres et l’espacement des lignes afin d’obte¬nir une « gamme de gris » semblable à celle des tirages argentiques anciens. Son travail, comme la photographie, se situe à la ren¬contre de pratiques de fixation et de création d’une image.
Sa démarche artistique est initiée par sa ren¬contre avec la photographie : des daguerréo¬types, autochromes, premiers supports d’im¬pression de l’image photographique. Elle se prend de passion pour ces images et les his¬toires du passé.
L’artiste s’applique ensuite à recréer les portraits en assemblant une à une les languettes de papier. La découpe nette, la finesse du papier et sa superposition créent des œuvres en volume. De près, le regard se perd dans un enchevê¬trement de lettres. L’image reconstituée se dé¬voile au fur et à mesure que l’on s’en éloigne et que l’œil s’accommode aux collages. L’artiste convoque dans ses œuvres des photographes historiques, Edward Curtis, Malick Sidibé ou Seydou Keïta… et s’intéresse à la photogra¬phie comme marqueur de mémoire. Elle ra¬vive le souvenir de figures, le sou¬venir d’une époque et de traces du passé.